Un plan de génie

Il avait quitté Iz sans attendre une fois leurs manigances convenues et au point, embarquant simplement avec lui la liste des choses dont son ami avait besoin pour faire comprendre à Harry qu’il ne fallait pas le chercher de trop près. La liste n’était pas excessivement longue heureusement, mais certains des éléments ne se trouverait pas simplement en ramassant des fleurs sur le bord de la route. Mais il n’y avait rien d’impossible dans tout ça pour Meldred qui au fond de lui aimait voler les gens, à vrai dire, c’était son jeu préféré. A dire vrai, si vous lui demandiez, tout peut se voler, des objets, des richesses et tout ce qu’on peut se plaire à imaginer. Tout ça pour dire qu’il ne rencontra pas vraiment de difficulté à se procurer du poil d’âne malgré l’absence du dit animal de l’école. Certes il avait était tenté de se fournir au sein de la population d’âne bâté que comptait les élèves mais il y avait peu de chance que ça marche, malgré la grande ressemblance de certains. Et il n’avait aucune envie de faire rater la potion. La bave de crocodile avait été également des plus simples à se procurer puisqu’il lui avait simplement suffit de demander l’aide de Spin tout en lui expliquant leur plan.

Meldred avait finalement dû commencer à se creuser la cervelle lorsque sur la liste il arriva aux ingrédients permettant de donner à Harry une odeur nauséabonde. Il avait d’abord envisagé d’attraper un putois et de récupérer son essence, mais le risque de se retrouver lui-même arrosé et inapprochable pour plusieurs jours lui avait fait écarter cette idée. La seconde solution aurait pu être de trouver de la crotte de Troll mais malheureusement plus aucun Troll ne semblait vivre aux alentours d’Auradon. Finalement il avait trouvé plus simple en chapardant quelques poissons frais dans les cuisines qu’il avait laissé pourrir et se décomposer dans un coin connu de lui seul, récupérant après plusieurs jours et avec surtout milles précautions et un épais foulard noir sur le nez, le liquide nauséabond qui avait suinté des cadavres. A coup sûr l’odeur serait pire que si il s’était contenté de voler un peu d’hydrogène sulfuré en classe de chimie. Quant aux dit cadavres, il avait trouvé amusant de s’en débarrasser dans le casier de certains princes et princesses, épargnant finalement celui de Chad. Un geste purement puéril en apparence mais qui en réalité visé à créer un chaos assez important pour passer à la suite du plan qu’il avait élaboré avec la plus grande minutie. Car l’un des ingrédients dont il avait besoin pour munir Harry d’une somptueuse crinière de licorne, avait toutes les chances de se trouver dans le bureau de la bonne fée. Et cette diversion provoquée par l’attaque des poissons en décomposition était une façon sûre d’éloigner la bonne fée de son bureau et donc le moment idéal pour lui d’opérer.

Cela devait sembler bien inconscient, mais puisque les licornes ne vivaient plus non plus aux alentours de l’école il n’avait pas d’autre choix. Et surtout, si Meldred avait bien constaté une chose depuis son arrivée à Auradon, c’est que les mots sécurités et prudence ne faisait nullement parti de leur priorité. Ainsi, les élèves semblaient pouvoir entrer comme dans un moulin dans des endroits tel que le musée, de jour comme de nuit, et les systèmes de sécurité étaient aussi minimes que la cervelle de Gaston IIIème du nom. Alors si les habitants d’Auradon étaient aussi stupides, c’était pour lui un devoir professionnel que de leur rendre visite. Pour des raisons évidentes, le mot clé d'un voleur qui se choisit une tenue de travail est « anonymat ». Outre le fait que Meldred appréciait les tenues que lui confectionnait sa cousine, en réalité, il ne s’en séparait jamais pour une tout autre raison, celle qu’elles le rendait souvent reconnaissable entre mille et attirait parfois l’œil avec évidence, si bien que quand il changeait pour une tenue passe partout, il en devenait presque invisible et insignifiant. C’est donc sans remords aucun que ce jour-ci il avait troqué habits rouges et noirs pour des vêtements neutres qu’il avait tout simplement volé à Doug. Là encore sans le moindre remord ni la moindre honte. Il lui suffirait simplement de prendre une douche et de brûler les affaires maudites du nain une fois son méfait accompli. Après tout s’était rendre service à tout le monde que de faire du vide dans cette garde-robe si banale alors qu’Evie se ferait certainement un plaisir de lui confectionner autre chose. Pff. Ridicule.

Un regard à droite, un second à gauche et il entama l'escalade du mur de l’école sans grande difficulté. Cet art était devenu pour lui depuis longtemps un simple loisir qui ne lui posait désormais plus aucun problème. L'objectif était simplement de dégoter un peu de poudre fée et l’ascension jusqu'au bureau de la directrice lui était apparu comme le plus simple. C'est avec un crochet que Meldred ouvrit puis pénétra par la fenêtre dans le plus grand silence et la plus noble discrétion et se lança sans attendre dans ses recherches et sans rien laisser de visible de son passage. Et une fois le précieux flacon en poche, il était ressorti tout aussi discrètement qu’il était entré. Il avait vérifié une dernière fois sa liste, récupérant et rassemblant chaque ingrédient dans son sac –et en ayant surtout scellé et emballé l’essence de poisson pourri- avant de retourner voir Izkandar qu’il retrouva installer à la bibliothèque et plongé dans ses notes. Il s’était avancé en silence au milieu des tables, s’immobilisant à quelques pas de son camarade qui ne tarda pas à sentir sa présence, lui tirant un mince sourire alors qu’il vient finalement s’installer à ses côtés, posant son sac avec précaution entre eux deux, reprenant le ton de confidence qu’ils avaient adopté déjà au début de leur complot.

-Que veux-tu je n’aime pas être en retard et j’ai toujours mis un point d’honneur à ne pas me faire trop attendre quand on a besoin de moi. Et surtout il ne faut pas faire attendre la science.

Il attendit qu’Iz relève le regard sur lui, prenant un instant pour observer les alentours et s’assurer que le coin isolé choisi par son ami ne laissait pas trainer quelques oreilles indiscrètes avant de souffler calmement en tapotant son sac avec légèreté.

-J’ai réussi à dénicher tout ce que tu m’as demandé. Et toi ? Tu as pu avancer dis-moi ?