Un premier jour dans un nouvel établissement

La limousine était venue chercher Chwalybog pour l'emmener sur Auradon et elle commençait à s'éloigner de l'île. Chwaly jeta un dernier regard à son père. C'était la première fois qu'il voyait Chernabog en dehors de leur maison, alors qu'il faisait encore jour (certes il était resté dans l'ombre, mais cela le touchait réellement), il lui offrit donc un léger sourire pour le rassurer. Il a toujours été très proche de son père, donc c'était vraiment bizarre pour lui de partir. Bien sûr, il ne l'abandonnait pas, ce n'était pas un adieu, mais quand même... Après, c'est surtout son père qui l'avait incité à partir, il voulait que son fils découvre de nouvelles musiques, de nouvelles choses.

Il s'était assis en face d'Harriet, mais sans vraiment prêter attention à elle. Il la connaissait vite fait bien sûr, mais il ne savait même pas si elle le connaissait. Chwaly restait toujours distant des autres, pourquoi s'attacher à quelqu'un alors qu'il serait surement abandonner par la suite? Il ferma les yeux pour ne pas être embêter par la lumière qui passait à travers les vitres. D'ailleurs, la fragilité de ses yeux après avoir vécu vingt ans dans les coins les plus sombres de l'île de l'oubli, ça l'inquiétait réellement. Il ne savait pas comment il pourrait s'adapter à une vie où il allait devoir vivre le jour et non plus la nuit...

Chwaly comprit qu'ils étaient enfin arrivé à Auradon, car il entendit une fanfare. C'était un tel plaisir pour ses oreilles, une nouvelle mélodie qu'il n'avait jamais entendu. Il aurait pu rester dans cette voiture pendant plusieurs heures, les yeux fermés juste à les écouter jouer. Malheureusement, quelqu'un ouvrit la porte, l'obligeant à quitter ce lieu tranquille.

D'ailleurs, ses yeux lui posèrent problème dès qu'il sortit de la voiture. Le soleil l'éblouit et deux ailes apparurent dans son dos pour l'enfermer dans une sorte de cocon qui le protégeait de la lumière. Chwaly fut surpris et mit quelques instants pour comprendre que ses ailes venaient de lui. (Il s'était retourné et voyait que les ailes suivaient son mouvement.) Il se souvint ensuite des histoires que son père lui racontait, des histoires dans lesquels il décrivait des ailes noires aussi immense qu'une montagne. Il ne pensait pas qu'un jour il en posséderait aussi. Il les écarta doucement pour essayer de s'adapter à la lumière, avant de les faire disparaître, mais il garda quand même sa main comme une visière pour se protéger. Il constata que beaucoup de gens le regardaient, même les joueurs de la fanfare s'étaient arrêtés à son plus grand regret... La bonne fée avait gentiment attendu qu'il sorte de son cocon avant de commencer son discours, mais Chwaly ne l'écoutait pas réellement. Il était plus intéressé par les bruits de la nature qui créaient une vraie mélodie. Que cela soit le chant des oiseaux, le bruit du vent dans les branches etc.

Une fois qu'elle finit de parler, elle s'éloigna et laissa la place à Jay qui avait été désigné pour nous faire visiter.

"Salut..."

Il connaissait Jay, mais il lui avait rarement parlé. Il faut dire que le fils de Jafar avait toujours eu tendance à traîner en plein jours avec ses amis (ce qui était dommage, car Chwaly aimait vraiment leurs chansons, mais il avait rarement la chance de les entendre).

Chwaly regarda le garçon qui s'approchait de lui, gardant toujours sa main en visière. Ce garçon lui disait quelque chose.... Oui Jay ! Le fils de Jafar, qui traînait toujours avec Mal. C'est vrai qu'ils ne s'étaient pas vu depuis six ans et même à l'époque ils ne faisaient que se croiser. Il était devenu grand, bien musclé et maintenant il ne portait plus son bonnet, ce qui faisait assez bizarre d'ailleurs.


"Oui je me souviens de toi. Tu traînais avec Mal, Evie et Carlos... Euh... Merci..."

Chwaly n'aurait jamais pensé que quelqu'un pourrait le qualifier de mignon.... Par contre, il ne savait pas comment il devait réagir au fait que Jay n'aurait jamais cru qu'il pourrait être mignon en grandissant.

"Non pas encore, je le saurais bientôt."

Tout ce qu'il espérait c'était qu'il n'allait pas tomber avec quelqu'un qui ronfle. Ayant l'habitude de vivre la nuit, il savait qu'il aurait besoin de temps pour s'habituer au rythme d'ici et il n'avait pas envie d'entendre des ronflements toute la nuit... Il y a mieux comme son.


"Je ne dis pas non."

Il alla s'abbriter à l'ombre et ferma les yeux quelqu'un instant en soupirant. Enfin... Ses yeux lui faisaient mal... Il devait l'admettre, mais il avait peur que ses yeux ne s'habituent jamais à la lumière du soleil. Cela compliquerait son intégration... Chwaly finit par rouvrir les yeux et observa Jay. Il avait l'air heureux ici. De plus, il avait aussi l'air de s'être bien intégré vu le t-shirt qu'il portait.

Chwalybog avait encore un peu du mal à se faire à cette lumière. Bien que Jay et lui se soient mis à l’ombre, ce n’était pas entièrement suffisant pour sa vue qui n’avait connu que les ténèbres de la nuit durant vingt années. Cependant, il n’était pas stupide, lorsqu’il avait fait le choix de partir pour Aradon, il savait qu’il allait devoir supporter et faire face à la plus grande faiblesse de son père Chernabog. Heureusement pour lui, l’astre du jour n’avait pas les mêmes effets sur lui. Bien qu’il ait des difficultés à se concentrer à cause de la douleur, il avait l’impression que Jay n’était pas focalisé sur le moment. Il se demandait bien à quoi pouvait penser l’ancien pickpocket de l’île. Cependant, il ne s’en préoccupa pas longtemps, tellement ses yeux le faisaient souffrir. Il commença à prier mentalement que la fille du capitaine Crochet sorte de la voiture. Il fut interrompu dans ses pensées par le commentaire de Jay par rapport à Mal et à sa « merveille personne ». Chwaly était mal à l’aise, il n’y avait pas d’autres mots. Lui qui avait toujours évité les relations sociales, se retrouvait dans une conversation en tête. Qui plus est, avec quelqu’un qui l’avait qualifié de « mignon », qui lui demandait de garder un secret, qui lui faisait un clin d’œil et qui rigolait. Il ne savait pas réellement comment il devait réagir et encore moins ce qui serait le plus approprié à répondre.

« Ah oui elle doit être puissante si elle est au niveau de sa mère… Mais tu l’as craints même si c’est ton amie ?»

Il avait préféré esquiver la partie de la conversation où Jay s’était lui-même mis en valeur, ne voulant pas prendre le risque de dire quelque chose qui ne serait pas adéquate. Il parla donc de la mère de Mal. Bien que sur l’île, la magie ne soit pas présente, beaucoup craignait la grande Maléfique. Les rumeurs sur sa puissance étaient nombreuse et même son père affirmait qu’elle faisait partie des méchants les plus dangereux de l’île, donc il pouvait comprendre que sa fille, qui avait accès à des pouvoirs pouvait être crainte. Pourtant, c’était quand même étrange pour lui, d’entendre que ce sentiment soit ressenti par un de ses amis, d’une personne qui faisait partie du quatuor d’inséparable. Surtout que Jay ne faisait pas partie des enfants « peureux » de l’île.

Les deux garçons abordèrent ensuite la question de la chambre qu’allait occuper le fils du dieu de la nuit. Pour être franc, Chwaly était persuadé que la collocation serait quelque chose de très étrange pour lui, qui avait toujours traîné tout seul (ou avec son père).

« Vu que j’ai pas beaucoup d’affaire ça n’aurait pas posé trop de problème, mais tant mieux… J’admets j’ai hâte de dormir… »

Quand il y réfléchissait, en fait toute sa nouvelle vie était plus que farfelue à ses yeux. Venir à Auradon, devoir vivre au grand jour (normalement à cette heure-ci il dormait), devoir cohabiter avec quelqu’un, être obligé de sociabiliser et aussi posséder des ailes ! Il avait l’impression d’halluciner et c’est pourquoi il ne fit pas tout de suite attention au professeur qui vint à leur rencontre. Le fils de Chernabog ne savait pas s’il devait dire quelque chose ou pas, mais cette question fut vite effacée, lorsque le professeur éloigna Jay pour lui parler. Il commença à se demander s’il y avait un problème avec lui, avant de se souvenir que normalement une autre élève aurait dû se joindre à eux. Avec cette conversation et les découvertes précédentes, il avait complètement oublié qu’Harriett était dans la même voiture que lui.

Jay revint vers lui pour lui annoncer qu’au final, la visite ne se ferait que tous les deux. Il attrapa donc son vieux sac abimé qui contenait les quelques vêtements qu’il possédait, mais qui surtout enveloppaient son violon afin de le protéger. Le fils de Jafar lui posa une question sur sa future chambre… Il devait admettre, ayant de grande difficulté pour lire, il n’avait pas essayé de comprendre les papiers qu’on lui avait remis. Surtout, ne voulant pas que son problème se sache, il n’avait pas demandé à qui que ce soit de lui lire ce qui était écrit. Cependant, il avait remarqué que sur la première page, il y avait un numéro. Avec un peu de chance c’était celui de sa chambre. Il sortit de sa poche un paquet de feuilles, qui s’étaient retrouvé en boulle, lorsqu’il les avait fourrés dans la poche de sa veste en cuir.

« Je crois que j’ai vu le numéro sur cette page…. C’est la 11 je crois. »

Il essaya de déchiffrer les quelques mots qui se trouvaient devant le numéro, mais avec la lumière, il avait encore plus de difficulté, donc il plaça la feuille entre lui et Jay. Si Jay voyait (ou confirmait) son affirmation, il n’aurait pas à forcer sur ses yeux très longtemps…. Il sentait que la journée allait être très longue…

Chwalybog fut surpris du rire de Jay, il se demandait ce qu’il avait pu dire de drôle… Mais il comprit rapidement que Jay plaisantait lorsqu’il avait dit qu’il craignait Mal… Il se sentait bête de ne pas avoir compris, mais c’est vrai qu’il ne connaissait pas Jay pour savoir quand il racontait des blagues alors qu’il restait sérieux…. Il n’avait pas l’habitude des relations sociales non plus d’ailleurs, c’est aussi pour cela qu’il n’avait pas compris.

« Oh oui je vois. Si elle n’est pas dangereuse et qu’elle a encore plus de pouvoir que sa mère, ça pourrait être bénéfique pour Auradon, je suppose. »

Chwalybog se demandait les autres choses qu’il allait découvrir et vivre ici à Auradon. Il ne s’attendait vraiment pas à faire apparaître des ailes et il avait tellement envie de les sortir à nouveaux. Il voulait ressentir de nouveau, cette étrange sensation d’avoir deux nouveaux membres reliés à ses épaules. Cependant il n’osait pas le faire, ne voulant pas attirer encore plus l’attention sur lui. D’ailleurs une question lui trottait dans la tête.

« Je suppose que je ne suis pas le seul à qui s’est arrivé ? »

Enfin au fond il espérait… Il ne voulait pas être le seul à être bizarre à Auradon car il avait fait apparaître des ailes noires… D’ailleurs deux ailes de démons, comme celles de son père, risquaient de ne pas lui donner une bonne image auprès des gentils de cette école. Qu’importe, lui, il en était fière de cet héritage qu’il avait obtenu de Chernabog.

Chwaly qui profitait de l’ombre pour regarder les parties ombragés qui se trouvaient autour d’eux, fut sortie de sa contemplation lorsqu’il entendit qu’en plus de se montrer compréhensif pour lui et de le plaindre, Jay lui proposait quelque chose pour s’accoutumer à la lumière. Sa main, au-dessus de l’étui, hésita un court instant. C’était la première fois qu’on lui passait quelque chose. Cependant, c’était impossible que ça soit un cadeau, jusqu’à aujourd’hui, la seule personne qui avait fait preuve d’une attention de ce genre était son père.

« Ce n’est pas grave, après tout, la voiture emmenait aussi Harriett, on ne pouvait pas tout décaler à cause de moi. Euh non non ça va… Je suis fatigué, mais ça va aller. Je … Merci… Je dois te les rendre quand ? »

Il ouvrit l’étui et sourit légèrement en regardant les lunettes de soleil. Il les posa sur son nez et soupira en sentant la différence. Bien que ces yeux étaient toujours douloureux suite à ce moment au grand soleil, les lunettes tamisaient assez la lumière pour qu’il ne soit pas obligé de se protéger avec sa main.

« En tout cas c’est pratique, merci. »

Jay l’invita à le suivre pour le diriger jusqu’à sa chambre. Lui affirmant tout d’abord que son colocataire était quelqu’un de bien. Tant mieux, même s’il n’espérait pas vraiment faire ami ami avec lui. Le sourire de Chernabog se perdit légèrement lorsque Jay lui demanda s’il n’avait pas un problème pour lire… Il ne savait pas comment il avait deviné juste… Il allait commencer à le contredire, jusqu’à ce que le fils de Jafar l’informe que lui aussi avait eu des difficultés. Cette information le rassura et même s’il n’osait pas encore le regarder, Chwaly lui répondit.

« Si…N’en parles pas s’il-te-plaît… »

Il se sentait tellement ridicule… Il ne voulait pas que les autres se moquent de lui.