The first to forget is the happiest| Ft Mel

Nerveux ? Vous avez dis nerveux ? Le mot était vraiment faible... Très faible. J'avais passé ma journée à me tordre les doigts dans tous les sens... A faire les cents pas... Regardant mes pieds, puis le plafond. J'avais l'impression d'étouffer. Trop de choses se bousculaient dans ma tête. Tout comme ma mère, mes colères étaient rocambolesques, mais elles retombaient bien vite, et je me rendais compte à quel point c'était stupide. J'avais agressé un type la semaine passé « Doigt de fée » ce surnom avait une image très particulière pour moi. Je faisais tourner doucement cette pierre dans mes doigts, baissant les yeux vers celle ci... Puis vers le petit paquet que je tenais dans l'autre main. J'avais surréagis... Il m'avait volé ma chevalière. Ce seul bijou permettait de me rendre humain. Je n'avais pas encore les siècles d'expérience de mes parents, et je ne me maîtrisais pas encore totalement. Je m'étais montré grossier, agressif, menaçant. Enfin... Il n'était pas tout blanc non plus... A quel moment on jouait les pickpocket ? Enfin... Là n'était pas le sujet. J'avais beau tourner le problème dans tous les sens... C'était le premier avec qui j'avais réussi à nouer un semblant de quelque chose... Et je m'étais bien amusé avec lui, avant que je ne joues dans le drama et que je disparaisse dans un nuage de pétales illuminés. C'était la première réaction que j'avais eu étant donné la manière dont j'avais été décontenancé. Et là... Je me retrouvais devant sa chambre, faisant des allers retours sur le tapis qui allait finir par s'user plus que de raison. « Izel, si cela te chagrine à ce point, va t'expliquer avec lui, il se passera ce qu'il se passera... Mais les humains pardonnent, tu sais ? Pour la plupart. » C'était les mots de la Grande Señora, ma mère... Et elle avait bien souvent raison. Je fis un instant la moue, poussant finalement un soupir à en fendre l'âme en deux. Parfois... Il fallait prendre le taureau par les cornes, mais ce n'était pas simple. Je frappais trois coups à la porte de sa chambre, ma main glissant ensuite dans un bruit sur sa porte. -le raclement de mes bagues sur la surface du bois sans doute-. J'espérais qu'il soit là ? J'avais eu du mal à trouver sa chambre. Déjà que je connaissais même pas son nom, j'avais dû prospecter auprès de Mal pour savoir comment le jeune engloutisseur de chevalière s'appelait. Elle m'avait lancé un regard étrange le jour où je lui avais demandé qui était le type aux doigts agiles qui traînait de temps en temps avec eux. Un garçon ouvrit la porte, ce n'était pas celui que j'attendais... Je dus résister. Ne pas s'enfuir en courtant... ne pas s'enfuir en courant. Voir du nouveau monde, c'était quelque chose d'assez stressant pour moi. Je pris une grande inspiration, lançant finalement.

« Bonjourj'voudraisvoirMeldredsiçatederangepas »

Il eut l'air de ne pas comprendre, fronçais les sourcils. Mes joues se colorèrent un instant de rouge alors que je reprenais plus fort -trop fort-

« MELDRED ! »

Tossotant à nouveau, je repris d'une voix cette fois plus claire.

« Je viens voir ton voisin de chambre. Il est là ? »

Il eut la gentillesse de me laisser entrer, déclarant qu'il sortait, de toute façon, me laissant seul face à Doigt de fée. Mon trouble n'avait que grandit d'avantage. J'avais qu'une seule envie, me cacher dans un trou de souris. Le trou le plus profond de préférence. Mais non. Il fallait faire face... Sinon ma mère allait m'entendre me lamenter ad vitam aeternam. Je n'en avais pas conscience, mais mes yeux avaient encore changés de couleurs, sans doute à cause du trouble me secouant, ils arboraient un vert profond, vibrant, presque lumineux.

« Je... Salut Doigt de Fée. J'voulais m'excuser la dernière fois. J'ai pas été cool avec toi. M'fin c'est toi qui a commencé... Mais j'avais pas à réagir comme ça. J'ai... J't'ai fais quelque chose pour me faire pardonner. T'es le premier à qui j'adresse vraiment la parole et... Avec qui le courant passe... Passait ? Bien... Donc... Voilà... J'm'excuse. »

Je lui lançais le sac en papier, le laissant le rattraper. J'attendis un instant, j'étais impatient, mais si il disait non ? Et si il ne voulait plus rien avoir à faire avec moi ? Ça aurait été compréhensible avec la scène, mais aussi avec la tronche que j'avais. Les hommes ont peur des gens de l'outre-monde. On est des monstres pour eux, et on le sera sans doute toujours. Je baissais finalement la tête, me détournant pour sortir, tournant doucement la tête.

« ç'a été un plaisir Doigt de Fée, prend soin de toi. »

Dans le petit sac se trouvait une paire de mitaines noires, aux mailles serrées, tricotés par mes soins. Je n'avais cessé de tricoter des tas de trucs pour m'occuper l'esprit. Cuisiner des gâteaux, tricoter des trucs... J'avais même une écharpe longue de trois mètres que j'avais planqué dans mon placard. Je m'étais perdu dans un débat intérieur, justement au sujet du jeune voleur de bijou. J'étais sortis de la chambre, poussant un énième soupir. Il fallait que je retourne m'enfermer pour de bon dans ma chambre...

Par ces jours, c'était un peu plus tranquille à Auradon. Pas de bonne fée sur le dos, pas de mauvais coup de Harry et pas de Chad à retrouver ou de cambriolage de la cafétéria à mettre sur pied. Pourtant Meldred n'en étais pas moins occupé avec ses propres projets et bricolages. En cette fin d’après-midi, le fils de Maliss s’activait à son bureau, concentré alors que Doug faisait ses devoirs installé au bureau voisin. Si bien que calme et silence régnait pour une fois dans leur chambre, Doug ne posant aucune question et Meldred n’ayant pas envie d’étrangler ou de fusiller du regard le fils du nain pour une fois. Concentré sur la réalisation d’un tout nouveau casse-tête, le dragon bricoleur-ferrailleur, assemblait avec soin et précision les différents rouages et pièces disposé dans un ordre précis sur la table devant lui. Un quotidien qui devenait peu à peu plaisant pour le garçon de l’ile qui travaillait sans interruption depuis quelques heures. Il attrapa l’une de ses aiguilles à percer, quelques bouts de métal, du fil de fer et continuait donc son travail quand un toc-toc à la porte fit relever la tête aux deux garçons de manière quasi synchrone. Ils se regardèrent d’abord, pendant quelques secondes, chacun semblant surpris, le temps s’étirant jusqu’à ce que Doug cède et se lève pour aller voir. Il était de toute façon hors de question pour Meldred d’aller ouvrir. Premièrement parce qu’il n’attendait personne et que si Iz ou Mad avait besoin de lui ils avaient son numéro. Deuxièmement parce que la dernière fois qu’il avait ouvert la porte il était tombé sur un Chad en caleçon qui s’était incrusté dans leur chambre. Certes il avait fini par comprendre pourquoi le prince avait débarqué de manière aussi incongru, mais il ne voulait plus assister à ça avant… un certain temps.

Il baissa donc le nez sur son travail, reprenant son aiguille, mais la curiosité était tout de même telle qu’il ne pouvait s’empêcher de laisser trainer une oreille distraite en ne voyant pas son ‘camarade’ de chambre revenir tout de suite. C’est ainsi qu’il perçut clairement son nom, comme presque hurlé de derrière la porte, comme si quelqu’un l’avait désespérément appelé de derrière cette porte de bois. Et il en sursauta bien malgré lui en reconnaissant la voix d’Œil de Lynx, se retournant de surprise, voyant Doug s’effacer pour laisser entrer le troisième garçon. Allons bon qu’est-ce qu’il avait bien pu faire pour qu’il vienne le chercher jusqu’ici ? Il lui avait pourtant rendu sa fichu bague et s’était même tenu loin pour s’épargner toute tentation de recommencer. Malgré lui, son regard s’arrêta sur une petite boite de bois ronde, au couvercle coulissant et pour le moment fort heureusement fermé. A leur dernière rencontre, Œil de Lynx était parti furieux et avait éclaté en laissant nombre de pétale d’or lumineuse derrière lui. Et le dragon n’avait pu résister à l’envie d’en ramasser quelques une et de les ramener dans sa chambre. Malheureusement la plupart avait fini par perdre leur éclat et il n’en restait désormais plus qu’une dans la petite boite. Une qu’il voulait désespérément sauvé. Il allait peut-être même devoir demandé à de l’aide à Iz… encore une fois. Et ce définitivement aussi cruel qu’inutile Doug qui prenait le large et les laisser seul. Poussant un discret soupir, Meldred abandonna à contrecœur son travail, se levant de son bureau et de sa chaise pour venir faire face à son visiteur, un silence gêné planant dans la chambre et les enveloppant alors que les yeux d’Œil de Lynx eux se remettaient à briller comme des émeraudes. Décidément à croire que ce garçon s’amusait à chaque fois à augmenter son trouble un peu plus, devant redoubler de concentration pour ne pas le fixer avec une avidité qui l’aurait certainement fait partir en courant. Ca le perturbait un peu d’ailleurs, parce que depuis cette tentative de vol Meldred avait eu bien du mal à effacer ce regard de ses pensées. Si bien qu’il finit par se racler la gorge, essayant vainement de se donner un peu de contenance pour mieux cacher son propre malaise.

-Je... Salut Doigt de Fée. J'voulais m'excuser la dernière fois. J'ai pas été cool avec toi. M'fin c'est toi qui a commencé... Mais j'avais pas à réagir comme ça. J'ai... J't'ai fais quelque chose pour me faire pardonner. T'es le premier à qui j'adresse vraiment la parole et... Avec qui le courant passe... Passait ? Bien... Donc... Voilà... J'm'excuse.

Les yeux de Meldred s’agrandissent désormais comme des soucoupes. Allons bon, ce garçon à l’art et la manière de le prendre totalement au dépourvu et de le surprendre. Pourtant il n’est pas si facile à réellement avoir le dragon. Jamais il ne s’était imaginé une seconde qu’Oeil de Lynx reviendrait vers lui. Pas vu la mauvaise vision qu’il semblait désormais avoir des gens comme lui, ceux de l’île. Mieux encore, il avait encore moins cru qu’Œil de Lynx reviendrait pour lui présenter des excuses. A lui ? Il penche la tête tant il est surpris de tout ça, haussant tout de même les épaules dans une attitude qu’il veut nonchalante.

-Ah… C’est… gentil à toi. Fallait pas. T’es pas le premier à m’envoyer sur les roses.

Ouais, il ne trouve rien de mieux à dire et il se sent un peu stupide. Mais il ne comprend vraiment plus les réactions de son… ami ? Faut dire que sur l’île ceux qui veulent votre peau viennent pas se pointer chez vous pour vous taper la causette et vous offrir des muffins… Il rattrape tout de même le sac lancé par Œil de Lynx, ouvrant sans attendre pour en examiner le contenu, la curiosité étant toujours maitresse de lui dans ces cas-là, sortant ainsi une paire de mitaine tricoté. Il les examine, les retournes et avant même d’avoir le temps de relever le nez et de dire merci voilà qu’Oeil de Lynx prends la poudre d’escampette sans prévenir. Allons bon. Il ne sait pas trop comment il doit le prendre le dragon, alors il reste planté tel un imbécile au milieu de sa chambre pendant quelques secondes avant de ses secouer et de se précipiter dans le couloir.

-Hey Œil de Lynx ! Attends !!!

Il arrive jusqu’à lui et l’attrape par l’épaule, le forçant à s’arrêter et à lui faire face.

-Pfiouh t’es vraiment difficile à suivre tu les sais ça ? … Tu m’as même pas laisser le temps de te dire merci quoi… Enfin surtout, tu n’avais pas besoin de faire ça tu sais. C’est un truc de gentil ? De s’excuser pour tout et rien ? Parce que bon j’ai pas très bien écouté en cours alors je… j’ai dû rater ce chapitre…

Et voilà qu’il se sent très bête de nouveau. Les mots étant sortis comme ça. Sans qu’il ne maitrise exactement le pourquoi de cette conversation.

Il m'avait fallu un courage inconsidéré pour me pointer dans cette chambre. Ou peut-être était-ce un peu de folie ? Le colocataire de Meldred en profitait pour prendre la poudre d'escampette. C'est bien, mon cadeau serait peut être un peu moins gênant si il était le seul à le voir et à l'ouvrir. Je finis par m'excuser. C'était le lot des gens au sang-chaud. Et... J'étais le même que ma mère, enfin... Pas tout à fait, M'man était le genre de personne a toujours tourner les choses pour que ce soit toi qui t'excuse et pas elle. Elle était forte la bougresse ! Je relevais les yeux et étouffa un petit rire discret en voyant la bouille du p'tit pick pocket -assez doué au passage, parce que mon déguisement n'aurait pas volé en éclat, j'aurais sans doute rien vu-, plaçant une main devant ma bouche, le regard se faisant pétillant. Il n'avait manifestement pas l'habitude des « pardons ». Je haussais les épaules, me frottant l'avant-bras d'une main, détournant le regard, assez timide. Je brillais jamais vraiment par mon éloquence et ma présence. Encore que... Avec le brun, j'arrivais à aligner deux trois mots sans trop de difficultés, étrangement, je m'étais sentis en confiance tout de suite.

« Certes, mais j'ai été injuste avec toi. »

Je lui lance le paquet, le laissant l'ouvrir et examiner l'intérieur, mais là encore, le stress est trop important pour moi, l'appréhension est trop grande. Je dois avouer que j'ai plus peur que tout d'être déçu et de l'avoir perdu pour de bon. C'était tellement un effort pour moi, d'aller à la rencontre des autres. C'était le premier avec qui ça avait aussi bien collé. Le premier avec qui j'arrivais à sortir un peu plus de deux mots d'affilé. Pour ne pas avoir à me prendre un bon gros « non » et « plus jamais » dans la bouille, je décide de m'éloigner, prendre mes distances pour mon propre bien, et de fuir la chambre, un peu comme un BipBip mit en déroute par une armée de Coyotes. Je sens finalement une main sur mon épaule, me retournant assez surpris de voir que le jeune homme m'a suivi, penchant doucement la tête.

« Heu... Moui ? »

Ses mots font pétiller. J'eus un petit sourire amusé un instant, fourrant mes deux mains dans les poches de ma veste, tentant de me donner, encore une fois, contenance. J'avais beaucoup pensé à lui ces derniers temps, j'avais retourné le problème dans ma tête, encore et encore, et finalement, chose incroyable, je m'étais quand même laissé convaincre par ma caboche qu'il fallait que je m'excuse. Je savais quand j'allais trop loin... Et j'étais allé trop loin avec lui, c'était un comportement indigne de moi. Mais j'avais... Tellement eu peur. Mon apparence, mon vrai moi... Il était apparu aux yeux de tous le monde. Et c'était un des trucs que je craignais le plus. Voir l'horreur dans le regard des autres. Mais lui... étrangement, je n'avais vu dans son regard aucune horreur, aucun dégoût. Je penchais doucement la tête, un nouveau petit rire chaud s'échappant de ma gorge.

« Je sais. C'est pour que ce ne soit que les gens vraiment motivés qui m'abordent. »

Je hochais doucement la tête à son « Merci », passant une main dans ma nuque, un petit sourire gêné accroché aux lèvres.

« Quand je suis préoccupé, c'est un peu ridicule, mais j'ai pris l'habitude de tricoter. Et j'ai fais ce petit rien en repensant à... la façon dont je me suis comporté avec toi. Donc... Heu... Je trouvais que c'était une bonne idée de te les offrir. Un truc de gentil ? Oh... »

Une lueur d'amusement passa dans mon regard.

« Je suis pas un gentil moi. Je suis neutre, enfin... je viens pas vraiment du même monde que vous, alors je sais pas trop comment me considérer en vrai... mais... Non c'est pas un truc de gentil je pense, moi j'ai tendance à m'emporter vite dans des coups de colère assez... Spectaculaire, comme t'as pu le voir. Je me maîtrise pas encore très bien. Et quand on regrette quelque chose... C'est important de s'excuser. Mais bon... J'veux bien t'aider à rattraper les chapitres que t'as en retard, parce que manifestement, la Bonne Fée sait pas trop comment rendre son cour attrayant. »

Je baisse le regard, déglutissant, et me forçant à parler à voix haute et intelligible.

« Au fait, mon nom... C'est Izel. J'ai dû faire des pieds et des mains pour trouver le tien et puis... Trouver ta chambre tout ça. Donc si des gens viennent te voir pour te dire qu'un type très louche te cherche bah... Heu... Y'a des chances que ce soit moi. J'crois que ma timidité me fait passer pour un espèce d'ermite énervé aux yeux des autres. Enfin... Je dois forcer sur ma voix pour que les gens m'entendent... Mais je viens pas chercher la bagarre, promis ! »

Mes yeux s'écarquillèrent à cette idée. Non... la plupart du temps... J'étais pas agressif et pas du genre à me battre. J'avais été, la dernière fois, victime d'un coup d'éclat à la mode « Muerte », un peu dans le Diva Style. Ce que c'était gênant mine de rien. Doigt de Fée avait le don de me mettre dans tous mes états.