Retrouvailles hasardeuses ?

Premiers jours à Auradon, l’école pour élèves bons et fondamentalement gentil. L’école des héros. Gentil ? Meldred ne l'était pas vraiment pourtant. Disons plutôt qu'il se trouvait dans les élèves habituellement dissipé et parfois turbulent, fils de Lord Maliss, fils de méchant, enfant de l’île. Bref le genre à clairement faire tâche dans ce nouvel environnement, il s’en été rendu compte dès qu’il était descendu du bus. Non, s'il se trouvait donc dans cette école pour, c'était uniquement grâce à la nouvelle décision du roi Ben de donner sa chance à chacun. Ca ne lui déplaisait pas forcément au départ. Venir habiter à Auradon avec ses amis, découvrir ce qu’était la réalité au-delà de la barrière et de l’île… Il avait apprécié le voyage, il avait même apprécié la visite de l’école, ne pouvant s’empêcher de récupérer au passage quelques objets brillants que certains avaient oubliés ou pour la plupart très mal surveillé, les dissimulant dans ses poches avec habileté et discrétion. En revanche, il avait était beaucoup plus difficile pour lui de digérer le nom de celui qui allait partager sa chambre. Doug. Fils de Simplet. Nain Démoniaque. Fréquentation intolérable. Bref la catastrophe et l’une des pires personnes qui soient. Il avait même été prêt à supplier qu’on le change de chambre en apprenant cette terrible nouvelle, mais apparemment c’était impossible. Alors pour l’heure, Meldred faisait en sorte de se tenir hors de sa chambre aussi souvent et surtout aussi longtemps que possible. Mais ce n’était pas toujours facile avec un garçon aussi… envahissant.

Surtout quand le fils de Maliss lui était plus d’un naturel calme et discret. Heureusement, pour compenser ce point hautement négatif qu’Auradon lui avait préparé tel une punition totalement injuste, Meldred avait désormais l’occasion de pouvoir revoir sa cousine Evie dont il avait perdu le contact quatre ans plus tôt quand elle-même était venue à Auradon. Est-ce qu’elle l’avait oublié en quatre ans ? Est-ce qu’elle avait réussi à survivre ici ? Est-ce que tout était aussi terrible et affreux ? Comme dans sa chambre ? Il ne savait pas et il avait besoin de se rassurer un peu, car depuis deux jours qu’il était ici, les choses étaient aussi loin d’être idyllique et formidable que ce qu’on leur avait laissé entendre. Il aurait du se méfier pourtant, tout le monde savait que les héros étaient de vrais menteurs qui tournaient les choses comme ça les arrangeait bien ! Il avait tout de même réussi à trouver la chambre de sa cousine malgré tout et se tenait à présent planté devant cette porte, hésitant, sa main enfoncé dans une de ses poches, faisant jouer divers petits bouts de métal entre ses doigts, toquant finalement contre le battant de bois. Pourvu qu’Evie soit là. Il n’avait pas pu l’informer réellement qu’il arrivait à Auradon mais il avait vraiment hâte de pouvoir revoir sa cousine.

Meldred avait été un peu partagé sur le fait de venir à Auradon. La vie sur l’île lui avait jusqu’à présent plutôt convenu, il avait su s’adapter depuis tout jeune et surtout, il ne pouvait pas regretter un monde qu’il n’avait jamais connu. Il ne pouvait exactement imaginer ce qu’était la douceur d’un parent, le confort d’un foyer ou même la chaleur et la clarté du soleil. Parce que toutes ces choses ils ne les avaient jamais vécu. Il ne s’imaginait pas qu’il pouvait être à plaindre de vivre sur l’île parce que c’était toute sa vie, avec ses amis, avec Mad pour faire toutes les bêtises possibles quand il n’allait pas rendre visite à Evie. Il n’avait jamais compté sur son père pour lui raconter ce qu’était la vie de l’autre côté de la barrière et de l’océan… Lors Maliss ne savait parler que d’une chose en général, de sa gloire passé, de Blanche Neige qui avait destitué toute leur famille, des naines qui l’avaient ridiculisé et des hiboux qui portaient malheur. C’était son sujet de prédilection quand il n’était pas occupé à râler contre Meldred et ses frères. Alors outre le fait que tous ses amis étaient prêt à partir pour l’école ce qui avait décidé Meldred à monter dans le bus et à s’inscrire à Auradon c’était la possibilité de pouvoir enfin revoir sa cousine avec qui il a toujours eu plus de complicité qu’avec ses propres frères. Il s’était beaucoup inquiété de la voir partir, même si il savait que Jay, Mal et Carlos serait là pour elle et qu’à eux quatre ils pouvaient s’en sortir. La présence de sa cousine lui avait d’ailleurs très vite manqué. Elle n’était plus là pour voir ce qu’il avait réussi à ramasser sur l’ile, plus là pour lui confectionner de nouvelles tenues et plus là pour le soutenir face à son père. Il avait finalement osé toquer à la porte de sa chambre, après bien des tergiversions et une sacrée lutte intérieure, mais il avait osé. Pour lui faire la surprise. Un large sourire ne put d’ailleurs qu’apparaitre sur son visage en la voyant soudain apparaitre derrière la porte, son regard s’illuminant d’excitation rien qu’en voyant qu’elle est belle est bien là, en chair en os. Elle lui a vraiment manqué. Sans doute plus qu’il ne peut l’avouer, mais il s’exclame tout de même, enthousiaste.

-Eviiiiie !

Bon il en fait peut-être un peu trop oui. Mais il est content et ça le soulage de voir enfin un visage connu et familial dans cette école, surtout après avoir dû ranger ses affaires sous l’œil curieux -et surtout mauvais il en est certain- de Doug. Toutefois sa joie se dégonfle assez vite face au regard d’Evie. Certes c’est normal qu’elle soit surprise de le voir, il n’a pas prévenu de son intégration. Mais il a l’impression de la déranger, voire de la gêner plus qu’autre chose. Aurait-elle changé à ce point ? Est-ce que ses pires craintes ont eu lieu et voilà que cette école à laver le cerveau de sa cousine pour en faire une de ses princesses prête à snober les gars comme lui ? Ca serait vraiment un coup dur pour son moral, le faisant gratter le sol du bout de sa chaussure, à nouveau nerveux

-Je…Oui ça fait quatre ans quand même… Tu vas bien ? … Enfin je viens d’arriver à Auradon et je voulais te faire la surprise… Je te dérange peut-être ?

On entendait tellement de choses sur Auradon quand on vivait sur l’île. Sur les princes, sur les princesses. Madame Mim disait que le monde au-delà de la barrière était tellement affreux doux et mielleux que ceux qui y vivaient se croyait toujours meilleurs que les autres et qu’il ne fallait jamais leur faire confiance. Et cette image le préoccupait beaucoup maintenant qu’il était face à Evie. Sa cousine avait toujours été à ses yeux une personne gentille et toujours à l’écoute. Et maligne en plus de ça. Certes sa tante répétait sans cesse que pour réussir les filles comme elle devait absolument se dégoter un prince, mais Meldred savait que sa cousine était plus débrouillarde que ça. Alors forcément, il se demandait si la vie à Auradon avait pu la détourner et la changer à ce point de l’image qu’il gardait d’elle. Et ça le mettait mal à l’aise au fond, si bien qu’il ne pouvait s’empêcher de triturer son chapeau entre ses doigts, le faisant tourner et tourner. Ce chapeau s’était Evie qui l’avait confectionné pour lui en plus, comme le reste de sa tenue. Il avait toujours aimé le style de sa cousine et il lui était arrivé de jouer les cobayes sur l’ile.

-Oh… Je … J’suis désolé pour ton croquis je voulais pas te … enfin je pensais que c’était une bonne idée de te faire la surprise de ma venue justement.

Il se gratte la nuque un peu gêné. Il a l’impression de se faire gronder même si il n’y a aucun reproche dans ses paroles et que la voix d’Evie reste douce. Disons que ce n’est pas les retrouvailles qu’il imaginait au départ. Mais malgré ça il ne se déboute et reprend le fil, son sourire revenant, son regard s’éclairant alors qu’il hoche doucement la tête.

-Oui je suis en pleine forme ne t’en fais pas… j’ai même pas eu peur quand le bus a traversé la barrière ! Pour l’instant c’est assez… intéressant, j’ai déjà repéré plein de trucs facile à chaparder tu sais… Tu as un peu de temps pour qu’on discute ?

Difficile pour Meldred de chasser le naturel dans un endroit tel qu’Auradon. Surtout dès les premiers jours. C’est un filou, il l’a toujours été et un débrouillard. Et puis il est assez habile, il ne se fera pas prendre et ne fera rien qui enfreigne les règles de manière trop directe. Il continuait donc de lister à Evie tout ce qu’il avait vu de sympa à Auradon jusqu’à maintenant quand sa cousine l’interrompit d’une simple question. Une question qui le fit se rembrunir de manière radicale, lui faisant lâcher un soupir de désespoir, ne pouvant s’empêcher de lever les yeux au ciel

-Oui… et si tu savais Evie c’est un cauchemar ! Je suis dans la chambre d’un certain Doug. Le fils de Simplet !!! Tu te rends comptes ?! J’ai cru que c’était une blague au début mais non ! ‘Pa avait raison quand il disait que les gens d’ici étaient tous des assassins et des menteurs ! … Je suis sûr que c’est fait exprès et que comme ça il pourra m’assassiner dans mon sommeil !

Oui il est sérieux. Oui il y croit. Depuis tout petit son père raconte les pires horreurs sur les nains et les naines. Et bien sûr ses trois frères ainés ne se sont pas gênés pour lui raconter en plus les histoires les plus horribles et les plus terrifiantes qui soient à leur sujet. Et il y croit toujours même maintenant et frissonne rien qu’en y repensant. D’ailleurs il a à peine échangé plus de deux phrases avec le fils de Simplet et a fui à toute jambe hors de la chambre dès qu’il l’a pu. D’ailleurs peut-être que sa cousine pourrait l’aider à se trouver une autre chambre ? Ou peut-être qu’elle aurait assez pitié de lui pour qu’il se réfugie ici et sauve sa peau. Mais avant même que la question ne franchise ses lèvres sa cousine pars déjà sur un autre sujet. Zut. Il n’a pourtant même pas fini d’énoncer tout ce qu’il trouve déjà horrible chez Doug.

-Ah… Je suis arrivé il y a deux ou trois jours… J’ai à peine commencé les cours. C’est un peu ennuyeux… Mais je suppose qu’il doit y avoir des trucs bien ici non ? Tu as un peu de temps devant toi ? Tu pourrais me raconter un peu, comment ça s’est passé pour toi en quatre ans ?

Il a toujours été curieux. C’est sa nature de reptile. Alors forcément il s’intéresse à tout ce que sa cousine a pu vivre ici. Elle pourra peut-être lui donner des bons conseils pour qu’il survive au milieu des gentils.