Besoin d'un fournisseur [Izkandar]

Maintenant que les nouveaux étaient enfin tous arrivés et qu’ils avaient commencés à vivre avec nous la vie scolaire. J’étais bien impatient d’en apprendre plus sur chacun d’eux, pour découvrir leurs peurs, puisque bon, j’avais tout de même une fête d’Halloween à organiser avec mon père. Je sortais de mon dortoir, la nuit était tombée, du coup Six était en train de voler au dessus de ma tête. Je l’emmenais souvent dehors à la nuit tombée, me fichant éperdument du couvre-feu, il était hors de question pour moi qu’elle ne puisse pas avoir sa liberté. Bon, il faut dire que moi et les règlements, on est pas les meilleurs amis du monde, surtout que ce n’est pas mes parents qui vont m’engueuler pour ne pas avoir suivi les règles, enfin mon père. Ma mère est plus du genre à vouloir que je suive les règles pour faire bonne impression. Parfois, elle est trop bonne, mais c’est pour ça que papa l’aime.

J’allais quitter le hall d’entrée par la grande porte, lorsque je remarquais que je n’étais pas le seul à avoir choisi une promenade hors de mon dortoir à seulement quelques minutes du couvre-feu. Je m’approchais de la personne devant moi afin de l’identifier et je reconnus Izkandar. Ma première impression de lui n’avait pas été positive ou négative, il me semblait juste banal et hautain, j’avais bien plus remarqué Caesar, le caïman nain de son amie. Encore aujourd’hui, j’aimais bien l’animal mais de loin, n’ayant toujours pas eu l’envie d’aller déranger sa propriétaire pour lui parler. Ce n’est après tout pas dans ma nature de tenter de me faire des amis. Je regardais le fils d’Yzma pendant une bonne minute alors qu’il ne semblait pas m’avoir remarqué. Allais-je ou non tenter d’engager la conversation ? J’avais appris par des bruits de couloir, qu’il était connu sur l’île de l’oublie pour toujours se promener avec des potions ou poisons sur lui. Ce qui pour le commun des personnes était une chose inquiétante. Pour moi, ça ne voulait strictement rien dire, ayant grandit avec une mère capable de brasser bien des choses et me l’ayant enseigné dès mon plus jeune âge. Finalement, je m’approchais vraiment de l’autre jeune homme.

« Salut, je suis Shahin Skellington. Si tu as besoin d’ingrédients particuliers pour tes disons expériences pas très réglementaires, je me ferais un plaisir de faire affaire avec toi pour te les fournir. Ma mère me fait parvenir tout ce que je lui demande. »

J’avais engagé la conversation et je n’en revenais toujours pas. Six vola très près de mon oreille, quémandant clairement l’ouverture de la porte afin de pouvoir sortir et aller chasser. Je lui entrouvris la porte et je reposais mon regard sur le jeune homme me faisant face. Mon regard sur lui était parfaitement neutre, je ne le jugeais pas pour ses occupations, ayant plus ou moins les mêmes dans mon dortoir quand mon colocataire était absent.

Iz était sorti. Il fallait qu'il sorte. Déjà parce qu'il venait de lancer une décantation un peu odorante et que même avec les fenêtre ouverte il ne pourrait pas mettre son mélange anti-odeur avant la fin de la réaction, à cause d'une des molécules de sa lotion. Et puis dans le doute on ne touche pas à une réaction en cours. En plus, et surtout : Chad l'énervait. Il n'en pouvait plus de l'entendre se plein et puis parler de lui ou il ne sais pas et il s'en fou mais là il avait besoin de souffler. Donc bah il est sorti avec son chronomètre pour être sûr d'être rentrer avant la fin de la réaction pour terminer l'expérience. Et au diable le couvre-feu, la science n'attend pas. Et puis l'expérience ne va pas se finir toute seule, il y a un temps pour tout. Tout ce qu'il veut s'est sortir s’aérer les neurones, et il en a beaucoup, avant la fin de son temps de pause.

Et là... bizarre. Mais VRAIMENT bizarre. Alors qu'il s'approchait de la porte de grand air (ENFIN), bah non... Y a un type ultra chelou qui lui rentre limite dedans et qui l'accoste directe de manière un peu brutale en luis parlant de ses projets et des produits ect... Iz le dévisage de haut en bas d'un air surpris, du moins surpris pour un mec qui reste aussi stoïque qu'une gargouille en plein jour...

"T'es sérieux toi ?"

Iz tente de l'esquiver presque comme s'il n'était pas là. Non mais il est bizarre lui.

"Je ne fais pas de commande sur mesure mon gars désolé..."

Tous les mêmes ses gosses de riches, ils veulent de la drogue alors ils t'achètent, mais là en plus il doit vouloir un truc particulier pour lui proposer de lui dégoter des ingrédients. Et puis jusque là il se démerde, en théorie il peut trouver tout ce dont il a besoin dans le paysage, il s'est toujours démerdé avec moins que ça. Il dévalise un peu la réserve de chimie et sinon il envoie un gars ou deux lui chopper des trucs en forêt.

"En plus j'ai pas le temps, j'ai une expérience en cours, j'ai besoin de prendre l'air et j'ai pas toute la nuit, tu sais ça demande un brin de précision la science..."

Il n'avait aucune idée du niveau scientifique de ce Skellington, mais en attendant là il avait vraiment envie de prendre l'air et il n’avait effectivement pas toute la nuit. Seulement 22 minutes, plus que 21. Il aimerait bien faire causette avec les princes en manque, même si là il n’avait pas une tête de prince et qu’il n’avait en plus pas envie de faire causette, mais là il n’avait surtout pas le temps. Il devait en plus trouver une solution de remplacement pour un élément dont il avait besoin. Il avait pensé à plusieurs options, et le synthétiser allait lui prendre du temps, donc il fallait que le reste soit parfait, du au niveau de précision de la synthèse qui ne serait pas aussi bon que ce qu'il aimerait...

J’observais le blond face à moi avec un air non pas surpris mais complètement blasé face à ses paroles, me prenait-il réellement pour un gars qui a besoin d’un autre élève pour lui faire ses drogues ou toutes autres choses qu’il pense pouvoir me faire. Avec les connaissances que ma mère m’avait transmises et mes propres expérimentations, j’étais bien apte à faire tout cela moi-même si j’en avais besoin ou si simplement je voulais en revendre. Même si je ne le faisais pas, puisque les nuits d’Halloween ramènent bien assez d’argents à toute ma ville pour que nous ne manquions pas d’argent. Son laïus sur la science demande un brin de précision m’arracha un soupir agacé. En plus de me prendre pour un mec en manque, il me prenait pour un ignare en matière de science. Dire que pour une fois dans ma vie, j’avais fait l’effort d’aller aborder quelqu’un pour lui proposer mon aide. Pour une fois que les cours de bonté de la marraine avait un court instant eu un impact sur mon cerveau, il fallait que je le fasse avec le mec qui pétait plus haut que son cul.

« Pour ta gouverne, je ne te demandais pas de commande sur mesure, je n’ai pas besoin de toi pour faire ce don j’ai besoin. Je me contentais de te proposer contre paiement, de te procurer des ingrédients difficiles à trouver dans le coin, comme tu viens de l’île, je me disais que tu avais peut-être des difficultés à obtenir tout ce dont tu as besoin. »

Mon ton était calme, alors que je lui expliquais simplement le véritable sens de la proposition que je lui avais faite. De toute manière, je regrettais déjà de lui avoir parlé. Je savais bien que je n’étais pas capable de me faire des amis et je ne cherchais généralement pas à m’en faire. J’avais déjà bien assez d’amis ici, bon d’accord, deux c’est pas exceptionnel, mais cela me convient, Edith et Doug, c’est déjà très bien. Les autres n’étant généralement que des connaissances, que j’apprécie plus ou moins.

« Si tu ne sais pas accepter une main tendue entre chimistes, je ne pense pas que nous avons d’autres raisons de converser. »

Je passais finalement la porte du hall, pour me retrouver à l’extérieur. Levant les yeux vers le ciel à la recherche de Six, que je ne percevais pas. Elle devait être en train de faire sa vie et de chasser. J’espérais simplement qu’elle n’était pas en train de s’amuser avec les élèves qui comme moi n’étaient pas présents dans leur dortoir à cette heure. C’était une chose que ma petite bête adorait faire, elle aimait faire peur à mes camarades, pas que cela me déplaise, mais j’avais déjà assez la directrice sur le dos pour les frasques de mon animal de compagnie. Bon les miennes aussi, mais souvent c’était involontaire. Pas de ma faute si les élèves d’Auradon, malgré les années passées en ma compagnie ne comprenaient toujours pas l’humour Halloweentown. Je marchais jusqu’à la statue de l’ancien roi Adam et je m’assis sur le petit rebord en pierre. Attendant que ma chauve-souris ait fini de faire sa vie d’animal sauvage. J’en avais complètement oublié Izkandar et le fait qu’il ne pouvait comprendre une phrase simple. J’étais bien plus occupé à regarder Six en train de voler à cinq mètres du sol, profitant du moment où elle pouvait librement étendre ses ailes et voler. Elle n’était pas très heureuse de se trouver à Auradon et en même temps, elle ne voulait pas rester chez moi lors de mes départs. Pourtant à Auradon, elle était en danger, les gens d’ici n’aimant pas particulièrement les personnes ou animaux sortant trop de ce qu’ils jugent comme normal.

Iz continua sa route comme si de rien était écoutant vaguement d'une oreille ce que disait l'autre. Et parce que sur l'Île on ne tourne jamais complètement le dos à quelqu'un. Surtout quand il arrive devant vous en ouvrant son manteau pour vous vendre un truc... Ce qui, ressemblait grandement à cette scène. Et puis il commence à lui parler de trucs insensés, du coup il se retourne et le regarde curieusement ?

"En fait t'es d'ici toi ? Non parce que t'avais pas le profil..."

Oui ça y est Iz atterri, c'est un gars d'Auradon lui, il n’est pas de chez lui, sinon il ne serait pas comme ça. Il faut vraiment qu'il arrive à capter les gens d'ici parce qu'il n'est pas super bon pour ça. Faut qu'il soit plus attentif et qu'il fasse de l'étude sociale avant de passer pour un con.

"Alors tu m'excuseras hein, mais comme tu dois t'en douter je ne viens pas de là. Et chez nous, tu vois, quand on veut un truc on ne l'achète pas, on prend si ça nous fait plaisir ou on laisse... Et personne ne tend la main...."

Oui c'est un peu violent sur l'Île. La loi du plus fort en somme. Et puis bon, lui c'est sa mère qui faisait les stocks ou ses potes. C'pas trop son truc le vole à la tire pour le coup.

"Oh et pour ta gouverne cette entrée en matière était d'un très mauvais goût. On fait souvent ça sur l'Île pour vendre de la camelote."

Ou comment se trouver des excuses sans s'excuser. En même temps ce n'est pas de sa faute si ce mec est chelou à mort quoi... Vendre des trucs sous le manteau et barrer la route au gens ça c'est bizarre, même sur l'Île c'était rarement des gens fréquentables sur l'instant. Ou alors c'était le fils de quelqu'un de super bizarre qui n'avait aucune notion de vie sociale. Pire que lui.

"Et honnêtement je ne suis pas sûr que les éléments que je cherche soit trouvables facilement, ce ne sont pas les plus courants du tableau périodique..."

En même temps il avait des idées bizarres avec ses expériences et n'importe quel personne y connaissant un peu en chimie se rendrait vite compte que son expérience ressemblait plus à de l'alchimie que de la chimie mais bon... Pour mettre un terme sur le mot alchimie il fallait encore avoir des notions en la matière et jusque là il n'avait jamais rencontré personne qui semblait seulement visualiser le fonctionnement de cet art...

Finalement, le blond décida de me répondre. Bon je comprenais que j’avais peut-être gaffé un peu, mais les relations sociales et moi c’est pas mon fort. Ce doit être héréditaire, faut dire que mon père est pas non plus le plus doué en interactions sociales avec les humains, il est surtout bon le soir d’Halloween, mais c’est son métier. Je ne savais pas trop si je voulais tenter de me rattraper ou simplement faire comme s’il n’existait pas. Je décidais cependant de répondre à sa seule question.

« Je suis d’ici sans vraiment l’être. Chez moi les interactions sociales sont différentes, autant qu’elles peuvent l’être entre ici et l’île, mais je vois bien que t’en a rien à foutre. »

Qui s’attendrait à ce que je parle ainsi ? Toutes les personnes me connaissant. Disons que je n’avais pas trop le style, ni même l’état d’esprit des habitants des Etats-Unis d’Auradon. C’était vraiment un fait pour tout le monde, sauf pour les nouveaux habitants venant de l’île. Au moins avec cette rencontre, je savais que même avec les enfants de l’île, je n’étais toujours pas meilleurs en relations sociales. Pas que cela me déprime ou me change la vie, je ne suis heureusement pas mon père, je ne veux pas m’entendre avec tout le monde.

« Demandes toi peut-être pourquoi je n’ai pas le profil comme tu dis ou renseignes-toi si avec ce que je t’ai dit tu n’as pas compris. »

C’était clairement pour le piquer, parce que j’aimais pas vraiment me faire traiter de vendeur de camelote alors que mon seul but était de peut-être un peu lui venir en aide. Ma petite participation personnelle à l’intégration des nouveaux arrivants. Je n’allais quand même pas allé aider n’importe qui et avec ce que j’avais entendu sur lui, j’avais bien aimer l’idée d’un mec faisant comme moi un peu de chimie plus avancée, voir même des potions comme celles que ma mère m’avait enseignées. Je levais les yeux pour voir si Six était toujours dans le coin, pas qu’elle n’ait décidé d’aller se mettre dans le pétrin.

« Je peux avoir tous les éléments du tableau périodique et bien d’autres choses, mais bon puisque tu me prends pour un vendeur de camelote, je crains que nous ne puissions faire affaires. »

J’avais dit ces mots d’un ton parfaitement neutre, sans agressivité ou gentillesse, j’énonçais juste des faits de manière toute à fait plate. Je n’avais aucun besoin de lui vendre des matières premières pour ses expériences, j’avais bien assez d’argent avec ma paie pour la nuit d’Halloween et la prochaine arrivait. Je n’étais pas en manque d’argent et même si c’était le cas, mes parents m’aimaient trop pour me laisser sans le sou. Et surtout, ils savaient tous les deux que même s’ils me coupaient les vivre, je pouvais trouver un moyen de me faire de l’argent. Je n’étais cependant pas très demandeur, puisque j’étais assez économe. C’est bien l’avantage d’avoir très peu d’amis, on a très peu d’activité payante extra-scolaire. J’étais souvent bien mieux caché dans mon dortoir à faire de la musique ou brasser quelques potions inventées par ma mère ou moi-même.

« T’as conscience au moins qu’ici, tu vas être forcé de revoir toute ta conception des agissements ? Ici, entre les petits Princes et Princesses et le peuple, les façons d’être sont bien différentes et puis il y a les gens comme moi, qui n’en ont strictement rien à faire de ne pas coller dans leur petit décor d’univers parfait. »

Je tournais la tête vers lui pour la première fois de la conversation. J’étais parfaitement sérieux dans ce que je venais de lui dire. Ici, comprendre et avoir des relations sociales, dépendait souvent de la classe sociale de la personne face à nous. Entre les très maniérés et ceux qui en avaient moins, il y avait parfois un monde. Pour ma part, je n’avais aucun problème avec eux, j’étais contre tout ce qui approché un tant soit peu des relations sociales. Celles que j’avais n’étaient souvent que des hasards, plus ou moins heureux. Je pouvais après tout compter mes amis sur les doigts d’une main.